L’enrobé coloré, comme l’enrobé noir classique est composé d’un mélange de graviers, de sables, de fines et de liant, appliqués en une seule couche, pour constituer le revêtement des trottoirs, des allées piétonnes, des cours de particulier… Leurs différentes formules sont d’ailleurs adaptées aux lieux et aux usages des espaces concernés.
Couleurs & aspects
Pour obtenir un enrobé de couleur, il faut impérativement utilisé un liant clair qui permettra de ne pas masquer le granulat coloré choisi, sauf dans le cas de l’enrobé rouge/brun qui contient un liant noir. Pour renforcer la teinte souhaitée, des pigments peuvent également être ajoutés. Ces pigments proviennent d’oxydes métalliques et sont mélangés au bitume lors de la fabrication. Par exemple, l’enrobé rouge est composé de bitume auquel on ajoute de l’oxyde de fer.
Les enrobés, une fois mis en œuvre, forment une surface relativement lisse et homogène. Cependant, il est possible de modifier la rugosité du revêtement en jouant sur la taille des granulats utilisés. Plus les granulats sont volumineux, plus le revêtement apparaîtra rugueux et anti-dérapant.
Bien que les enrobés soient considérés comme imperméables, une certaine “porosité” est toutefois possible par la diminution voire l’absence de sable utilisé lors de la fabrication. Le sable ayant des propriétés de compactage, l’absence de ce composant dans la préparation va favoriser la perméabilité du revêtement en créant des “espaces libres” entre les granulats. Ce type de formulation est particulièrement usité pour les autoroutes afin d’éviter la formation de “flaques” pouvant générer des effets d’aquaplaning.
Pour plus d’informations sur la composition et les propriétés des revêtements de roulement, vous pouvez consulter notre article : Enrobé, goudron, émulsion, bicouche… quelles différences ?
Les enrobés colorés sont fabriqués dans des centrales d’enrobage à une température qui oscille entre 130 et 170° C suivant le type de liant. L’enrobé coloré est travaillé à une température inférieure à l’enrobé noir classique. Pour la fabrication des liants clairs, la centrale d’enrobage est dotée d’un circuit d’alimentation spécifique et doit garantir un nettoyage minutieux de ses installations (circuit d’alimentation, malaxeur…) afin d’éliminer tout résidu de bitume noir. C’est pourquoi, des quantités de fabrication minimum sont souvent exigées car la centrale doit en effet vider puis nettoyer la cuve de fabrication afin de créer l’enrobé coloré désiré.
Les enrobés colorés sont imperméables et nécessitent donc obligatoirement de prévoir une gestion des eaux pluviales efficace (gestion des pentes, des écoulements et système d’évacuation). Leurs surfaces sont résistantes et plus ou moins rugueuses, ce qui détermine leurs qualités d’adhérence. La palette de couleur (rouge, beige, jaune, vert, bleu…) leur procure une excellente intégration paysagère. Il n’est pas rare d’employer des couleurs différentes pour distinguer la voirie, des zones piétonnes ou cyclables…
Les enrobés colorés représentent également une alternative intéressante aux enrobés noirs dans le cadre d’aménagements qualitatifs et dans les secteurs au patrimoine remarquable. Ils sont surtout appréciés pour leur solidité, leur caractère lisse et homogène par rapport aux stabilisés, notamment pour les cyclistes. Les enrobés de couleur sont donc plutôt employés pour les voies de circulations douces car ils s’avèrent salissants (traces de pneu, tâches d’huile ou d’essence…), posant un problème esthétique à moyen terme en cas d’utilisation pour des zones de fort trafic ou de stationnement. L’utilisation de couleurs facilite également la distinction de fonctionnalité entre les espaces et renforce ainsi la sécurité routière.
A l’usage, on risque de noter une dégradation de l’aspect du matériau comme pour tout revêtement d’ailleurs : nids de poules et autres déformations dues au gel/dégel, tâches notamment sur les couleurs claires, fissures en cas de végétation trop denses (racines), apparition d’herbes dans les fissures (en bordure de trottoir par exemple…).
Il faut prévoir un nettoyage mécanisé pour conserver le bel aspect de l’enrobé à savoir l’usage d’un nettoyeur à basse pression pour favoriser l’évacuation des particules, poussières et terres qui s’accumulent sur la surface du revêtement. Avec le temps, un désherbage manuel peut également être nécessaire au niveau des bordures.
La durée de vie de l’enrobé coloré est liée à la structure mise en place au regard des usages qu’elle supporte. Toutefois, elle reste importante et bien supérieure à d’autres solutions (enduits, sables stabilisés…) puisqu’il faut compter environ 15 à 20 ans pour une couche de roulement.
Avant la mise en œuvre de la couche d’enrobé, il faut s’assurer de la portance de la structure, vérifier le profil de la voirie (pente de l’ordre de 2 à 3 %) et enfin tenir compte de la gestion des eaux pluviales (regards, caniveaux, gouttières…).
L’application de l’enrobé est effectuée en fonction des zones à recouvrir. L’application se fait manuellement, sur les espaces de faible surface, peu accessibles et faiblement sollicités par les véhicules. Pour les grands espaces les enrobés sont réalisés à l’aide d’un finisseur (ou finisher) qui permet de répartir rapidement et de manière homogène le revêtement. La majorité des enrobés sont mis en œuvre « à chaud », la température d’application doit alors être supérieure à 130 °C d’où la nécessité de les appliquer rapidement.
La mise en circulation est quasi-immédiate après la mise en œuvre, il est toutefois préférable de prévoir un temps de refroidissement (à cœur) de 24h. La mise en œuvre des enrobés se fait toujours par compactage. Elle doit se faire dans des conditions atmosphériques adaptées (éviter les épisodes de froid intense et les épisodes pluvieux importants).
Le liant végétal est un liant élaboré à partir de matières premières végétales renouvelables (environ 95%), très majoritairement non alimentaires. Le liant est de couleur miel. Il est translucide et entièrement recyclable. Esthétiques et écologiques, les enrobés à liant végétal (tonalités ocres) sont à proscrire comme couches de roulement notamment en cas de trafic affluant.
Les enrobés à liant végétal sont encore peu répandus et donc réservés à des usages particuliers : abords de monuments historiques (voir photo de l’église de Magny-le-Désert), zones semi-piétonnes… En terme d’aspect, Il est parfois difficile de différencier l’enrobé coloré ocre de l’enrobé à liant végétal.
Il existe d’autres types d’enrobés colorés qui, contrairement à ce qui est dit plus haut, ne sont pas fabriqués à partir d’un liant clair mais bien à partir d’un liant noir. Ces revêtements ont dans un premier temps l’aspect d’un enrobé noir classique (photos ci-dessous) mais à l’usage/l’usure, lorsque le liant va s’estomper (roulement, intempéries, action des UV…), ceux-ci vont laisser apparaître les granulats qui les composent. Lorsque les granulats sont clairs, on parle alors d’enrobé blanchissant et lorsque ceux-ci sont rouges, d’enrobé rougissant. Pour accélérer le processus de “mûrissement”, la surface peut également être travaillée via hydrodécapage, grenaillage et polissage.